Sommaire : Trois questions à Sami Ménascé, Hermès Publications | Actualité de la semaine | Théories et concepts | Enseignement | La recherche en pratique | Manifestations | Le livre de la semaine | Détente.
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Ce mardi 21mai, pas d'Asti-Dej. Attention: mardi prochain 28 mai, l'Asti-Dej aura lieu au Père Tranquille, 16 rue Pierre Lescot, Paris 1er (salle à l'étage, demander Mr Berger à l'accueil), et recevra Jean-Michel Truong, auteur de l'ouvrage Totalement inhumaine. Le déjeuner sera présidé par Jean-Paul Haton.
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Asti-Hebdo :
En ce début de XXIeme siècle, comment concevez-vous votre rôle d'éditeur scientifique et technique ?Sami Ménascé : Un éditeur est toujours quelqu'un qui édite, sur papier, des livres, et des périodiques. Nous avons cru au numérique. Nous nous en faisons toujours une "obligation ardente". Et pourtant le papier reste l'essentiel de notre activité. On pourrait même dire que l'arrivée du numérique et d'Internet a généré plus de papier qu'il n'en a fait disparaître. Nous pouvons donc avoir confiance dans l'avenir. D'autant plus, en ce qui concerne mon entreprise, que notre récente association avec Lavoisier a fait de nous le premier pôle d'édition scientifique et technique en France.
Quant au numérique, ce n'est pas faute d'avoir investi, et substantiellement, avec l'aide d' organismes publics comme l' Ifcic (Institut de financement du cinéma et des industries culturelles) . Il y a un moment où, après une phase de scepticisme, tout le monde a pensé que le web était la panacée. On en est revenus... au prix de la disparition de nombre d'entreprises. Nous avons mis des milliers d'articles de revue en ligne, et un bon nombre de livres. Les résultats ont été décevants.
En informatique, la situation est relativement favorable. Le web y a plus de succès que dans d'autres secteurs : le web a été conçu et construit par des informaticiens, il est normal qu'ils s'en servent, cela fait partie de leur environnement. Dans le bâtiment, les ingénieurs me disent plutôt "Nous, nous portons des bottes, dans la gadoue. Un ordinateur, ce n'est pas naturel pour nous". Pourtant, les résultats ne sont pas très différents en informatique : nous avons vendus 1200 exemplaires sur papier de "La vile numérique", et trois sous forme électronique.
Il faut bien distinguer le livre des revues et des articles. Le livre-papier continue à bien se porter. Il faut dire que télécharger un livre entier, puis l'imprimer sur du papier A4, non relié, ne fournit pas un support de lecture satisfaisant.
Même le livre électronique, ou e-book, ne rencontre pas le succès. Il y aura sûrement des solutions électroniques pour le livre dans l'avenir, mais elles ressembleront sans doute plus à un téléphone ou à un ordinateur portable qu'aux ebooks d'aujourd'hui, qu'ils soient de conception japonaise ou française.
Quant aux revues, il est très difficile de lancer de nouveaux titres aujourd'hui, et même de pérenniser celles qui existent. Tous les éditeurs, même les grandes firmes internationales, enregistrent une érosion régulière de leur nombre d'abonnés. Il y a tout de même d'heureuses exceptions. Je pense à la SFA (Société française d'acoustique). Elle a fédéré autour d'elle une demi-douzaine d'associations européennes de la spécialité, et tire à 7000 exemplaires (en anglais). Ou encore la Revue française de gestion, que je viens de reprendre, avec 2400 abonnés.
D'une manière générale, les éditeurs doivent faire face à la pression des utilisateurs. Il essaient d'organiser des consortiums pour peser sur le prix. C'est logique, dans une optique d'économie de rapports de forces. De plus, pour les revues, le budget des bibliothèques n'est pas extensible. Il est fixé et affecté dès le début de l'année. Alors que, pour les livres, qui paraissent tout au long de l'année, on conserve toujours ses chances de vente. Ici aussi, le passage à l'électronique reste marginal.
Hebdo : Le web ne suscite-t-il pas de nouveaux genres éditoriaux, de nouvelles manière de publier ?
S.M. : Le web est bien adapté à deux nouveaux types de publications : les articles courts et les travaux massifs.
Les articles courts (short papers) sont des textes de trois ou quatre pages, publiés sans expertise externe, sous la simple autorité du directeur de laboratoire de l'auteur. Je pense que ce serait un excellent mode de communication des résultats de la recherche. Mais les rédacteurs en chef de revues n'en veulent pas. Ils trouvent que ce type d'article est dévalorisant pour leur titre. Alors, ces articles restent sur le site des auteurs.
Les éditions massives, de type encyclopédique, les fonds documentaires, les bases de données appellent naturellement les possibilités des SGBD et des réseaux. Elles ont déjà donné lieu à d'importantes réalisations. Mais le papier garde sa place, et même il regagne du terrain.
Entre les deux, et pour des tirages de 500 à 2500 exemplaires, le papier reste le meilleur support. En tous cas pour l'instant.
C'est peut être étrange, mais j'ai la certitude qu'un jour le web va exploser aussi bien dans la demande que dans l'offre. Aujourd'hui, seule l'offre a tenté une explosion. Mais les formes qui auront du succès ne seront pas une simple transposition sur le web d'éditions en PDF. Il faut tout réinventer.
Hebdo : Y compris sur le plan juridique, dans le sens de l' "appel de Budapest" (*) ? Etant donné que la mise en ligne sur le web ne coûte pratiquement rien par elle-même et que le processus éditorial est réalisé par des bénévoles dans le cadre des institutions de recherche, y a-t-il encore besoin d'éditeurs au sens traditionnel ?
S.M. : C'est vrai. Au moins en apparence, car il y a de substantiels coûts cachés. Et si processus éditorial est au main des comités de rédaction, la reconnaissance n'en reste pas moins le fait des éditeurs. Parce que les titres doivent durer dans le temps, et que le bénévolat d'un petit comité est fragile.
De toutes façons, même si nous essayons de protéger notre investissement en disant à nos auteurs de ne pas mettre leurs articles en ligne, cette réserve ne peut porter que sur la version finale. Les auteurs mettent sur leur site des versions moins bien finies, mais apportant souvent l'essentiel.
Le vrai problème, ce sont les grandes firmes internationales qui mettent des milliers de revues en ligne. Honnêtement, je suis donc favorable à l'esprit de l'appel de Budapest. Car je suis opposé à cette sorte d'impérialisme que trois grands éditeurs mondiaux (McGraw Hill, Springer et Elzevier) font peser sur la publication scientifique et technique. Ils font payer chèrement leurs services. Non seulement l'auteur n'est pas rémunéré, mais il est parfois pénalisé, dans le prix des tirés-à-part, par exemple.
Certains sites généralistes, comme Ingenta (créé par l'université de Bath) offrent aux éditeurs une mise en ligne sur le web. Mais leurs conditions sont trop lourdes financièrement pour une entreprise comme la mienne. La francophonie est un marché étroit et nous ne pouvons demander des prix d'abonnement de même niveau que les revues anglophones.
Or, si j'édite aussi en anglais (j'ai d'ailleurs une filiale en Angleterre), je crois que la publication en français a un avenir à long terme. D'abord parce que, pour un francophone, la lecture dans sa langue est plus rapide, et que le temps nous est compté, malgré les 35 heures. Ensuite parce que je publie des milliers d'articles par an, et que les éditeurs internationaux ne pourraient pas absorber ce flux. Si nous disparaissions, nous ne serions pas remplacés, et les chercheurs français n'auraient plus de plate-forme.
C'est dans une optique nouvelle qu'il faut assurer la pérennité des petits et moyens éditeurs. Les nouvelles technologies et les principes de Budapest permettront de re-parcelliser le marché des revues et donc de mieux répondre aux besoins. Dans chaque continent, chaque pays, à son échelle.
(*). L'"appel de Budapest" désigne la "Budapest open access initiative", soutenue par le financier George Soros, pour une littérature scientifique à base de revues auto-révisées (peer-reviewed journal litterature). Pour y parvenir, l'appel recommande deux moyens principaux : l'auto-archivage et les revues "alternatives". Les détails, et la liste des signataires, sur le site http://www.soros.org/openaccess.
Transfert signale que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a parlé des nouvelles technologies et de leur "gouvernance" dans un de ses numéros.
Enfin, l'Asti peut se féliciter de compter un Ministre de l'Economie, Francis Mer, au sein de son comité de parrainage.
Inscriptions et renseignements complémentaires, ou par téléphone/fax : 33(0)144 27 71 13.
Objectifs de ces journées : dégager des pistes pour une contribution au Sommet mondial de la société de l'information qui aura lieu à Genève en 2003. L'association est inscrite parmi les participants et les conclusions des journées d'étude seront proposées en préparation à ce sommet.
Lors de chaque séance, une large part du temps sera consacrée aux débats. Jeudi 30 mai
Matin : La protection des données personnelles, animateur : Daniel Naulleau. La protection des données personnelles et les flux transfrontières de données par Jean Gonié, juriste, enseignant du droit de l'Internet. Présentation de la situation par les correspondants du Creis en Belgique, au Burkina Faso, au Cameroun, en Hongrie, en Pologne, au Sénégal et en Suisse
Après-midi : La commercialisation des logiciels et de l'éducation, animatrice : Chantal Richard. La protection des logiciels : droit d'auteur ou brevet par Félix Paoletti, enseignant chercheur à l'Université Paris 6. L'OMC et l'éducation par Thomas Lamarche, enseignant chercheur à l'Université Lille 3. Situation par les correspondants en Belgique, au Cameroun, en Hongrie, en Italie
Vendredi 31 mai
Matin : La réglementation contre la cybercriminalité, animateur : Maurice Liscouët. La cybercriminalité, le point depuis le 11 septembre 2001 par Meryem Marzouki, chercheuse au CNRS/LIP6 et présidente d'Iris. Présentation de la situation par les correspondants en Belgique, au Cameroun, en Hongrie
Après-midi : Assemblée générale.
Elles sont suivies d'une "école simulation numérique en matière condensée"
(du 29 au 31 mai), offrant (gratuitement) trois journées de cours et de travaux
pratiques sur stations
Linux (la capacité à programmer en langage C ou en Fortran est très souhaitable).
- Renseignements
- Inscriptions.
Ce support se concrétisera prochainement par un élargissement des actions déjà réalisées au niveau des CCI, Grandes écoles et EGC ainsi que des actions concrètes en direction des PME et des Grandes entreprises.
L'atelier du libre se réunira pour la cinquième fois le jeudi 23 mai à 14h30 pour étudier les solutions en open-source dans le domaine des annuaires. Inscriptions, (auprès du secrétariat, qui confirmera la participation, le nombre de places étant limité).